Selaković: Remontrances de Croatie - une pure projection
S'adressant aux journalistes, Selaković a déclaré que le ministère croate semble avoir une sorte d'instrument pour mesurer la sincérité de quelqu'un, car nous avons eu l'occasion d'écouter une remontrance comme quoi l'intention du président Aleksandar Vučić d'aller à Jasenovac n'était pas sincère.
Il a rappelé que les doutes de l'élite politique croate sur les raisons du président Vučić, qui est descendant d’une victime de Jasenovac, sont «une pure projection», et que ce que fait le ministère croate des Affaires étrangères revient à demander à quelqu'un de faire une annonce officielle pour aller au cimetière.
Selaković a souligné que les descendants des victimes justement ne veulent pas assister aux manifestations à Jasenovac soutenues par le gouvernement croate, car ils n'y voient pas de sincérité.
Se référant au commentaire de Grlić Radman selon lequel la Serbie n'a pas fait face au passé, Selaković a constaté que cela avait été dit par un représentant d'un pays où des chemises noires sont alignées sur les places centrales de villes, où la salutation oustachi «za dom spremni» est courante, où des dizaines de rues et de places portent le nom d'idéologues et de criminels oustachis.
-Cela est dit par quelqu'un qui érige des monuments aux personnes légalement condamnées pour terrorisme par les Etats membres de l'UE, comme le monument à Miro Barešić qui a tué l'ambassadeur Vladimir Rolović, a dit Selaković.
Commentant le fait que Grlić Radman a évoqué la question non résolue des portés disparus, Selaković a demandé quel pourcentage des disparus appartenaient à la population serbe.
-Quelqu'un nous rejette-il la responsabilité que nous n’avons pas voulu ou ne voulons pas connaître le sort des portés disparus, nous qui montrons que nous y sommes voués, a demandé Selaković.
A ses dires, si les Serbes de Croatie pouvaient jouir d'un cinquième des droits dont jouissent les membres de la minorité croate de Serbie, nous serions très heureux.
-Sommes-nous en train de nous faire la leçon sur le respect des droits des minorités par ceux qui ne peuvent pas garder une enseigne écrite en cyrillique avec le nom de l'institution pendant quelques heures, a demandé Selaković.
Comme il l'a souligné, personne en Serbie n'a jamais mesuré la sincérité des motifs de la visite des responsables croates qui sont venus dans notre pays à l'improviste.
-Devrions-nous apprendre d'eux comment faire face au passé? Non. C'est nous qui nous prosternons devant chaque victime, qui sommes à même de sanctionner les membres de notre peuple qui ont commis des crimes, car nous ne sommes pas quelqu'un qui attribuera une responsabilité collective. Si quelqu'un s'attend à ce que nous nous asseyions et que nous nous taisions et que nous écoutions diverses bêtises, contrevérités et fabrications, il se trompe gravement, a déclaré Selaković.
Le chef de la diplomatie serbe a de nouveau cité la phrase de la note croate adressée à notre ministère selon laquelle la visite d'un haut représentant d'un pays étranger à Jasenovac ne peut être de caractère privé, et a expliqué que cela signifie que les descendants des victimes de Jasenovac ne peuvent pas y aller en privé.
-Vous n'avez pas eu un seul président de Serbie qui y soit allé depuis au moins 30 ans. Ici, vous avez le président de la République qui veut s'y rendre en privé, il lui est donc interdit d'aller à Jasenovac. Où est-il dit qu'une visite sur le plus grand site d'exécution serbe au monde ne peut être de nature privée? Si vous avez des situations où il est interdit au président de la Serbie de le faire, que peuvent espérer les autres, a déclaré Selaković.