Tomašević: 100 ans depuis la création de la Petite Entente

05. aoû 2021.
La modernité en tant que notion représente l'actualité, et elle se caractérise par des circonstances liées à la spécificité de chaque génération individuelle. A l’heure actuelle plus que jamais, les contemporains sont confrontés à des changements intenses du contexte géopolitique auquel ils doivent s'adapter.

Toutefois, il y va de plus grand intérêt pour l'avenir d'un pays et d'un peuple, quels que soient les nombreux défis qui dictent le positionnement, la catégorie intemporelle de valeurs qui comprend le développement d'une culture de la mémoire et de la tradition, surtout lorsque l'histoire des relations est comme celle de la Serbie et de la Roumanie. Cette relation est fondée sur le respect, la coexistence pacifique de nos peuples et une histoire exempte de problèmes profonds et insurmontables, qui, en règle générale, érodent les relations de bon voisinage dans les Balkans depuis des décennies et des siècles. Néanmoins, nous appartenons à la génération qui a la possibilité d'améliorer et de renforcer considérablement les relations bilatérales entre la Serbie et la Roumanie, de développer la coopération dans tous les domaines et de prendre des mesures supplémentaires pour rapprocher les peuples serbe et roumain, afin d'assurer d’une manière durable un partenariat stratégique auquel nous devons aspirer de concert.

La Petite Entente, en tant qu'urgence, est née du danger d'un torrent de révisionnisme en Europe après la Première Guerre mondiale. Le droit à l'autodétermination comme dérivé du droit universel, qui a été respecté lors de la reconfiguration de l'Europe après la Première Guerre mondiale, a permis aux peuples libérés parmi les alliés de se prémunir contre d'éventuelles menaces de même nature à l'avenir, c'est-à-dire la joug des envahisseurs. Cependant, il est également devenu une arme dangereuse entre les mains de ceux qui voulaient regagner ce qu'ils avaient perdu et établir un régime impérialiste qui signifierait non seulement récupérer les territoires et l'influence perdus de la Première Guerre mondiale, mais aussi s'étendre davantage, révoltés par les résultats de la Conférence de paix de Paris, et avides de vengeance. Un tel ordre, dans les années d'après-guerre, imposait une obligation de réflexion, qui, bien que prouvée sans doute par des alliances comme la Petite Entente, ne suffisait pas encore à arrêter le mal réveillé et enflé dans sa résurgence. La Serbie et la Roumanie, sans aucun doute menacées de survie, par l'alliance au sein de la Petite Entente ont en fait contribué à la protection d'une Europe libre et sont rangées du côté de ceux qui offriront une forte résistance aux révisionnistes insensés, en payant un prix élevé avec d'autres nations européennes mais tout en rendant immortel l'exploit d'une génération qui a triomphé de ses contemporains qui étaient l'incarnation du mal et l’insensé, qui ont entraîné le monde dans la plus grande tentation.

Un siècle s'est écoulé depuis la formation de la Petite Entente. Un peu moins de 81 ans se sont écoulés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Serbie a toujours défendu l'Europe sans se ménager. Elle a payé cher sa liberté et celle des autres, mais à la fin du siècle dernier, il y a 22 ans, la Serbie a été bombardée lors d'une agression sauvage de l'OTAN. A ses bombardements et à ses ravages, au-delà de toute raison et de tout bon sens, contraire au droit international et sans attaquer ni mettre en danger qui que ce soit, dans lesquels des milliers de vies ont été perdues et des dommages matériels et immatériels irréparables ont été causés, ils ont participé directement et indirectement ensemble, alliés et ennemis des Première et Seconde Guerres mondiales. Les descendants de ceux dont les ancêtres ont donné leur vie dans la lutte pour une Europe libre, ont été victimes des descendants des bourreaux de leurs ancêtres avec le soutien tacite ou direct de certains descendants d'alliés qui l'ont permis ou n'ont presque rien fait pour l'empêcher. Étant donné la fréquence des événements survenus dans un passé récent, qui sont en faveur du néo-révisionnisme, et que les influences douces et dures sur la dégradation des tissus sains et la dévalorisation du droit international sont toujours présentes avec plus de force que jamais, il devrait être analysé si les leçons ont été apprises, c'est-à-dire, à quelle vitesse nous avons oublié ce que nous avions pardonné plusieurs fois. Ce sont des questions clés dont les réponses pourraient apporter un contenu essentiel pour comprendre (saisir) la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, et donc la nécessité d'un rapprochement afin de protéger les valeurs fondamentales, que nous avons tant défendues ensemble. Les temps nouveaux ont sans aucun doute apporté de nouveaux défis en termes de nécessité d'une politique étrangère et de sécurité commune des pays européens, mais il existe sans aucun doute un détournement persistant de l'attention vers des dangers et des ennemis visibles et invisibles, fabriqués et réels, ce qui affecte le mouvement loin de l'unification pour préserver les intérêts régionaux et la dissolution et la désintégration d'un noyau sain qui garantit la protection des intérêts régionaux, entrant ainsi dans une zone de risque grave que l'histoire se répétera, seulement dans un scénario peut-être différent, mais certainement avec les mêmes conséquences pour nos peuples. Par conséquent, le seul partenariat et alliance, qui implique une bonne coordination des pays, dont les peuples ont toujours partagé le même espace et le même destin, est la seule garantie pour la qualité et la sécurité de vie des générations futures.

La perspective de la Serbie et son objectif stratégique sont l'adhésion à l'Union européenne, qui, avec toutes ses lacunes et tous les problèmes auxquels elle est confrontée, continue d'être la meilleure communauté et un garant de la prospérité et du progrès des États et des peuples européens. Le soutien de la Roumanie au processus d'intégration de la Serbie dans l'UE est d'une importance incommensurable. La coopération dans ce domaine contribue encore au développement de nos relations bilatérales, offrant une opportunité d'améliorer la coopération sectorielle, notamment dans les domaines de l'économie, de la culture, de l'éducation, des sciences et des sports, mais aussi de la défense. L'Union européenne n'est pas complète sans la Serbie, qui contribue qualitativement à sa richesse, son histoire et sa culture d'une part, d'autre part et économiquement, avec la croissance et le développement croissants de son marché et de ses infrastructures, mais aussi sa sécurité et sa résilience,  puisque sa solidité et sa force dans la lutte pour la protection des vraies valeurs héritées de l'Europe libertaire sont avérées et attestées.

Le plus ancien accord international conservé de la Serbie est celui avec la Roumanie. L'histoire des relations se souvient des personnalités célèbres des deux peuples qui ont infiniment enrichi et rendu nos liens sans fin et immortels. Le Front de la Dobroudja en tant que vœu d'ancêtres, liens familiaux, alliances et accords, entre autres, témoignent que l'amitié entre la Serbie et la Roumanie est plus ancienne que nous tous.

Source: Nouvelle Gazette de Timisoara

 

 

(100 ans depuis la création de la Petite Entente - perspectives d'unité et d'alliance de la Serbie et de la Roumanie)