Dačić pour Telegraf: L'escalade du conflit au Kosovo-Metohija peut arriver, on sait exactement qui peut la provoquer

23. nov 2022.
*Si nous imposions des sanctions contre la Russie, la conséquence évidente serait la perte du soutien de la Russie en ce qui concerne le statut du Kosovo-Metohija. *Le Kosovo ne peut pas compter sur plus de 83 voix sur 193 membres de l'Assemblée générale de l'ONU. * Kurti veut étendre la souveraineté de l'État au nord du Kosovo. *Il n'a pas l'intention de respecter l'accord de Bruxelles. *Si le Kosovo entre au Conseil de l'Europe, cela ne signifiera pas la vérification de leur statut d'État au niveau international.

Le bruit courait qu'il serait soit ministre de la police, soit ministre des affaires étrangères. Dans les deux cas, il s'assiérait sur la même chaise pour la deuxième fois. C'est ce qui s'est produit lorsqu'Ivica Dačić a été élu Premier Vice-président du nouveau gouvernement et à nouveau ministre des affaires étrangères de la Serbie. Il a un objectif, et cela, comme il l'a dit dans une interview avec Telegraf.rs, est d'atteindre la meilleure position internationale possible de la Serbie dans la période à venir. Et d'être le meilleur ministre. Il relève qu'il ne faut pas permettre qu'on déroge à l'accord de Bruxelles, soit qu'on dise que l'accord n'est plus valable, alors qu'il n'a même pas commencé à être mis en œuvre, et qu'Albin Kurti, qui dit que l'accord n'existe pas, est évidemment le principal facteur de déstabilisation et le principal facteur de mise en danger éventuelle de la paix et de la stabilité dans la région.

A ce propos, il est sceptique quant au fait que l'Union européenne obligera Kurti à mettre en œuvre l'accord de Bruxelles. Comme il le dit, le dialogue entre Belgrade et Pristina est de plus en plus lointain car la recherche d'une solution politique ne se poursuit pas.

L'escalade du conflit au Kosovo-Metohija peut certainement se produire, et on sait exactement quel nouveau-né européen peut en être la cause, et il souligne qu'il est très important que les Serbes ne soient pas les coupables des incidents.

Dans une interview accordée à notre portail, le ministre Dačić a également expliqué ce qui se passerait si nous imposions des sanctions à la Russie, comment les responsables du soi-disant Etat du Kosovo abusent de la situation de la guerre en Ukraine pour un règlement de compte avec la Serbie, quels pays autres que la Russie et La Chine sont prêts à tout moment à nous prêter la main, mais aussi ce que cela signifiera pour nous si le Kosovo devient membre du Conseil de l'Europe.

Ai-je tort de dire que vous avez pris le fauteuil du ministre des Affaires étrangères dans une situation pressante pour notre pays?

Vous ne vous trompez sûrement pas. D'un autre côté, je ne me souviens pas quand nous avons eu de très bons moments au cours des 20, 30 dernières années, donc si nous attendons de meilleurs moments à venir, je pense que ce serait «en attendant Godot». En tout état de cause, je ne peux pas dire que les problèmes sont nouveaux. Ce sont les problèmes dont toute la région a été accablée au cours des dernières décennies, et ceux qui traitent de cette région plus en détail diraient même au cours des derniers siècles. Et, il serait très frivole pour quelqu'un de penser que ces problèmes dépendent exclusivement de certaines solutions personnelles au sein du gouvernement, mais dépendent également de circonstances géostratégiques, cela dépend aussi de la compréhension que nous avons  de la part des grandes puissances, car cela n’a jamais arrivé dans l'histoire de cette région que cette région décide de tout de manière indépendante.

Donc, vous avez raison. Il y a de nombreux problèmes. Ils se sont particulièrement intensifiés, au niveau géostratégique, avec la guerre en Ukraine, où nos prises de position se sont multipliées en termes de réflexions sur ce qui se passe depuis différents centres internationaux. Tout le monde s'attend à ce que nous nous alignions quelque part, et nous aimerions et préférerions, et nous le faisons, avant tout, tenir compte des intérêts nationaux et étatiques serbes. Cela signifie les intérêts de l'Etat de Serbie et de ses citoyens.

Combien de temps pourrons-nous et pourrons-nous résister à la pression de nous intégrer quelque-part? Ils font pression sur nous pour imposer des sanctions à la Russie, nous ne le faisons pas et nous ne voulons pas le faire ?

Je pense que pour comprendre cette position, il faudrait comprendre qu'en plus de ces enjeux internationaux, nous avons aussi nos propres problèmes internes, soit la question de la préservation de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté. Dans ce sens, chaque disposition que nous prenons au niveau de la politique étrangère peut avoir des répercussions à ce niveau également, au niveau du statut du Kosovo-Metohija. C'est pourquoi il est très important d'être équilibré, ce qui signifie que nous ne nous créons pas de nouveaux ennemis là où nous n'en avons pas besoin et, d'autre part, que nous ne perdons pas d'amis dont nous nécessitons le soutien lorsqu'il s'agit de notre problème du Kosovo-Metohija.

Je ne parlerai pas maintenant des questions économiques qui sont liées, d'abord, à la question des sources d'énergie, car nous ne sommes pas en mesure d'avoir des sources alternatives de gaz. Nous devons prendre soin de nos relations bilatérales avec la Russie ainsi que d'autres relations

d’amitié. Par exemple, avec la Hongrie, qui nous aide beaucoup dans ces moments-là. Et, la troisième chose est que pour des raisons morales, nous ne pouvons pas soutenir les sanctions, en tant que principe de résolution de problèmes, car ces sanctions sont principalement dirigées contre les gens ordinaires et non contre un individu.

Vous venez de répondre à une partie de la question sur ce qui pourrait nous arriver si nous introduisons et si nous n'introduisons pas de sanctions contre la Russie...

J'aimerais vraiment que quelqu'un l'analyse sérieusement et en tienne compte aussi lorsqu’il s’agit des pays occidentaux qui disent que nous devrions imposer des sanctions à la Russie. Dans quel sens? En ce sens qu'ils mettent sur papier quelles en sont les conséquences. Il est évident que cela aurait pour conséquence la perte du soutien de la Russie en ce qui concerne le statut du Kosovo-Metohija. Cette conséquence n'existe pas pour l'Occident, ils la veulent. Il n'est donc pas aussi simple que certains le pensent que nous appartenons au monde occidental et que nous devrions imposer des sanctions à la Russie.

Nous condamnons la violation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, cela n'est pas contestable. Mais nous ne sommes pas le seul pays au monde. Nous sommes en Europe, mais il y a beaucoup d'autres pays où cela est autorisé. Il est permis d'avoir une exception aux sanctions contre la Russie. Cela leur est permis et nous on nous le reproche. Après tout, nous ne sommes pas les représentants de Moscou, Washington ou Bruxelles. Nous devons prendre soin de nos intérêts nationaux et étatiques. Pourquoi est-ce que je dis ça? Désormais au Conseil de l'Europe, l'adhésion du Kosovo à cette organisation sera à l'ordre du jour. Voyons comment se comporteront les pays qui nous forcent à imposer des sanctions. Ils voteront pour le Kosovo. Quelle est donc l'offre pour Belgrade?

Qu'est-ce que cela signifiera concrètement pour nous s'ils y adhèrent?

Dans un certain sens essentiel, cela ne signifiera pas la vérification de leur statut d'Etat au niveau international. Parce que le Conseil de l'Europe est une organisation régionale. Pour cela, la question de l'adhésion à l'ONU est essentielle, et à l'ONU, ils n'ont aucune chance d'en devenir membres. Avant tout parce que nous avons eu une action extrêmement réussie pour faire retirer la reconnaissance, que nous avons travaillé pour que de nombreux pays modifient leur décision de reconnaître le Kosovo, et en même temps, que de nombreux pays qui ne reconnaissent pas le Kosovo restent avec cette décision. Ainsi, aujourd'hui, ils ne peuvent pas compter sur plus de 83 voix sur 193 membres de l'Assemblée générale de l'ONU.

Cela dit, nous y sommes relativement en sécurité. Bien évidemment, ils peuvent devenir membres du Conseil de l'Europe parce qu'ils ont un nombre suffisant de pays en Europe qui les reconnaissent, parce que les décisions n’y sont pas prises par consensus. Mais dans l'UE, l'OSCE et d'autres organisations internationales, où le consensus est nécessaire, cela ne se produira certainement pas.

Kurti n'a pas l'intention de respecter l'accord de Bruxelles

Dans quelle mesure les officiels du soi-disant Etat du Kosovo utilisent-ils la situation en Ukraine pour un règlement de compte avec la Serbie ?

Ils l’utilisent. Vous savez comment ils font, ils présentent la Serbie comme une zone d'influence russe et en Occident ils disent qu'ils sont occidentaux et que nous sommes pro-russes. Et que nous représentons les intérêts russes, ce qui est complètement insensé. Parce que les Russes n'ont rien à voir avec l'accord de Bruxelles. La question essentielle ici est de savoir s'ils respecteront ou non l'accord de Bruxelles. Nous ne devons pas permettre qu'il soit dérogé à l'accord de Bruxelles, c'est-à-dire que quelqu'un dise que l'accord n'est plus valable. Eh bien, il n'a même pas commencé à être appliqué.

Albin Kurti, par exemple, a dit qu'il n'existait pas. La Première ministre dit que ce sont de mauvais signaux, comment le voyez-vous?

Bien sûr, ce sont de mauvais signaux. Cela indique qu'il n'a pas l'intention de respecter l'accord signé par l'Union européenne. Hashim Thaçi et moi-même avons signé cet accord, bien sûr, mais l'Union européenne est le garant de cet accord. Et comment pouvez-vous avoir une conversation sérieuse avec un tel homme politique, qui est évidemment le principal facteur de déstabilisation et le principal facteur de mise en danger éventuelle de la paix et de la stabilité dans la région. C'est pourquoi l'Union européenne devrait montrer par quels moyens elle veut convaincre et forcer Kurti à appliquer l'accord de Bruxelles.

Le fera-t-elle, alors?

Je ne crois pas qu'elle le fasse. C'est là que nous en arrivons à une certaine hypocrisie. Pourquoi n'appliquent-ils pas toutes leurs capacités. Je ne peux pas croire qu'ils ne peuvent pas, qu'ils n'ont pas d’influence.

Mais ils n'en ont pas envie?

Il est évident qu'ils n'en ont pas envie. Autrement dit, il est évident que, toutefois, il y a une certaine compréhension

que c'est leur nouveau-né, qu'ils l'ont créé. Le problème est que leur nouveau-né, en particulier Kurti, est une menace sérieuse pour la paix et la stabilité dans la région.

A ce propos, le dialogue entre Belgrade et Pristina n'a jamais été aussi lointain, et il semble qu'il le sera encore plus.

Car, je le répète, l'histoire n'est pas centrée sur la recherche d'une solution politique. Au contraire, l'histoire est dirigée artificiellement par Kurti selon laquelle tout a déjà été résolu et que la Serbie n'a plus qu'à accepter l'indépendance du Kosovo. Et qu'ils veulent étendre cette souveraineté étatique au nord du Kosovo. Cela n'arrivera jamais, et ils le savent, alors ils essaient de le faire avec diverses ruses, comme la préparation des plaques d'immatriculation, avec le souhait que les Serbes paient toutes ces amendes. Et, bien sûr, après cela, ils interviennent également par la force et intègrent le nord du Kosovo dans cet Etat indépendant du Kosovo. C'est absolument inacceptable pour la Serbie et, bien sûr, si on prend cette voie, cela peut dangereusement menacer la paix dans toute la région. C'est là que nous en arrivons au point où l'UE doit alors déclarer si elle veut réagir ou non.

Cela signifie-t-il qu'il pourrait y avoir une escalade du conflit au Kosovo-Metohija?

Certes c'est possible, mais on sait exactement qui peut le causer, alors tirez les oreilles de celui qui peut le causer. Je ne sais pas pourquoi quelqu'un s'adresse à la Serbie à cette occasion, étant donné que la Serbie a tout accompli. Pourquoi ne vous adressez-vous pas à la Russie et à l'Ukraine avec la théorie que les deux parties sont responsables? Quelle est la responsabilité de la Serbie pour le fait que l'accord de Bruxelles n’est pas appliqué? Il y a une arrogance et une hypocrisie évidentes ici, mais c'est la réalité. Nous ne pouvons pas y échapper. Nous serons actifs. Comme vous pouvez le constater, le président Vučić est l'un des principaux facteurs de stabilité dans la région.

Serons-nous à nouveau coupables, nous les Serbes, s'il y a une escalade du conflit, même si nous savons laquelle et à qui, comme vous l'avez dit, il faut tirer les oreilles? Comme ils nous ont condamnés lorsque les Serbes ont quitté les institutions de Pristina.

Personne n'a condamné les Albanais lorsqu'ils ont quitté les institutions serbes il y a 20, 30 ans. Qu'importe qui nous juge ou pas. Nous devrions savoir ce que nous voulons. Les Serbes ont leurs propres objectifs, et notre objectif est de les atteindre tous pacifiquement. Une chose que nous ne devons pas permettre, c'est que les Serbes soient responsables de certains incidents. Si quelqu'un attaque les Serbes, les Serbes se défendront. Mais tout le reste que les Serbes peuvent contrôler se déroulera selon les instructions du président Vučić de manière pacifique.

Quand avez-vous été au Kosovo pour la dernière fois et prévoyez-vous d'y aller bientôt ?

J'ai un problème qu'ils ne me permettent pas d'aller au Kosovo. Ils ne veulent pas donner la permission. Et je ne peux pas y aller comme un citoyen ordinaire. Je peux partir en simple citoyen, mais ils ne me laisseront pas. Donc, ici, nous vivons de telles situations, ce qui est complètement contraire aux accords que nous avions avec eux selon lesquels ces visites sont annoncées puis approuvées.

Et puis elles ne sont pas approuvées?

Ensuite, elles ne sont pas approuvées. C'est complètement inutile. Je n'avais pas l'intention d'aller à Pristina, mais chacun de nous a l'intention d'aller dans les milieux serbes. Et chacun de nous parle pour la mise en œuvre de l'accord de Bruxelles, ne dit rien qui serait contre-productif.

Combien de pays ont révoqué leur reconnaissance du Kosovo jusqu'ici et y a-t-il des indications que d'autres pays le feront dans un proche avenir?

Il n'est pas conseillé d'en parler maintenant. Nous en sommes encore à ce stade où l'accord de Washington plane toujours sur nous, même si Pristina ne respecte même pas l'accord de Bruxelles, encore moins l'accord de Washington. Nous estimons qu'il ne faut pas encore annoncer de quels pays il s'agit, tant que nous n'aurons pas vu si la demande d'adhésion du Kosovo au Conseil de l'Europe sera acceptée. Mais ce que je peux dire avec certitude, c'est que quand on regarde le nombre de pays membres de l'ONU, qui est de 193. Quand tout cela a commencé, plus de 110 pays ont reconnu le Kosovo.

Et nous avons convenu, je l'ai proposé au président et il a accepté, que nous ayons une action de l'Etat qui est toujours d'actualité, que nous travaillions avec les pays pour revoir ces décisions. Il y a donc aujourd'hui des pays qui reconnaissent le Kosovo mais ne votent pas pour le Kosovo, comme l'Egypte, le Pérou, comme la Hongrie, après tout. Elle a reconnu le Kosovo mais ne vote plus pour le Kosovo. Cela signifie qu'ils ne peuvent pas compter sur plus de 83 votes sur les 193 membres de l'ONU. C'est une valeur capitale pour nous. Sinon, nous ne devrions compter que sur la Russie et la Chine en tant que membres permanents du Conseil de sécurité, qui peuvent empêcher le vote sur la question en y opposant leur veto.

Parce qu'il est réaliste de s'attendre à ce que la question puisse également passer devant le Conseil de sécurité si quelqu'un n'y oppose pas son veto. Si nous envisageons le pire scénario pour nous, et s'il passe au Conseil de sécurité,

il ne peut pas passer à l'Assemblée générale des Nations Unies. Par conséquent, afin de ne dépendre de personne d'autre, nous poursuivrons cette action.

En dehors de la Russie et de la Chine, quel autre pays est prêt à nous donner un coup de main à tout moment?

Un grand nombre de pays. Je dois dire en ce qui concerne les pays membres de l'UE - l'Espagne, Chypre, la Roumanie, voire la Slovaquie et la Grèce. Vous avez la Hongrie qui a reconnu le Kosovo mais qui ne votera pas pour le Kosovo au Conseil de l'Europe, qui n'a pas voté pour le Kosovo à Interpol non plus, qui ne votera pas pour le Kosovo dans l'UE s’ils présentent une candidature. Sans oublier d'autres pays comme l'Inde, l'Indonésie, l'Afrique du Sud. Nous avons des pays qui sont en Amérique latine, qui sont de notre côté, comme le Brésil, l'Argentine, Cuba, le Venezuela, mais en même temps, je dois dire qu'il y a aussi des pays qui sont musulmans et qui ne reconnaissent pas le Kosovo. La Palestine n'est pas membre de l'ONU, mais il est très important que la Palestine soit contre le Kosovo, principalement à cause du monde musulman et du monde arabe. Puis l'Ethiopie, le Nigeria, le Ghana, le Kenya... Ce sont tous de grands pays qui n'ont pas reconnu le Kosovo. Iran, Irak. Très important.

Le week-end dernier, vous étiez à la Conférence internationale de la Francophonie. Il y avait une panoplie de sujets, il y avait beaucoup de membres, quels sujets les préoccupent?

La France est un pays qui est une puissance coloniale et qui a bien pensé cette organisation, qui vise à promouvoir la langue, la culture française... et qui compte plus de 80 membres. Grâce à cela, ils réalisent leur influence politique. D'autres pays ne sont pas aussi bien organisés dans ce domaine, bien que l'anglais soit parlé par de nombreux pays dans le monde. Ils n'ont que le Commonwealth, mais personne en dehors du Commonwealth ne peut en être membre. Et à la Francophonie on admet également ceux qui, selon eux, n'ont aucun lien avec la langue française et qui ne sont pas d'abord issus des pays francophones.

A cet égard, la Serbie a également trouvé sa place en tant que membre associé, nous voulons être un membre permanent. Depuis que je suis devenu ministre, c'est-à-dire il y a 8 ans, nous avons été à tous les rassemblements et nous voulons tirer un bénéfice politique de tout cela, car vous êtes là au même endroit avec 80 pays. Deuxièmement, tirer pour le pays et pour les citoyens le plus possible de ces différents programmes liés à la francophonie - langue française, culture, art, bourses d'études... Apprendre le plus possible la langue française dans les écoles, donner ainsi plus de chances à nos gens d'étudier en français. Tout cela a ses avantages, surtout lorsque ces programmes sont financés par cette organisation. Mais notre premier intérêt, c'est l'intérêt politique, c'est-à-dire d'y être présent.

Le thème de cette conférence était la numérisation dans ce domaine. Mais je suis l'un des rares à avoir parlé de numérisation, car nous avons beaucoup accompli à cet égard. Personne n'en a même parlé. C'est important qu'ils soient là, qu'ils soient présents, qu'ils rencontrent le président français, le premier ministre canadien, et c'est très important pour eux. Malgré le fait que la France était une puissance coloniale, ils entretiennent encore avec elle des relations particulières et spécifiques. C'est donc une réunion très utile. Vous savez, l'Afrique est le continent le plus amical avec nous. Je suis absolument contre quiconque sous-estime l'influence de l'Afrique. Tito n'était pas fou quand il avait l'Afrique derrière lui, il avait le quart de l'humanité. L'Afrique compte 54 pays, 54 membres de l'ONU. Sur 193. Honnêtement, j'ai hâte de visiter ces pays plus que certains qui nous méprisent.

Par exemple?

Que ce soit à l'Ouest ou à l'Est. Tout le monde pense que quand j'en parle, je parle toujours de l'Occident. Il n'y a pas que l'Occident. Et à l'Est, les grandes puissances ne vous voient pas vraiment comme des égaux. Il faut travailler avec l'Asie. Vous savez à quel point le Pacifique est grand. J'étais maintenant intéressé et très heureux des résultats des élections au Vanuatu. Et je pense que personne ne l'a suivi, mais moi oui, parce que mon ami est devenu ministre des Affaires étrangères. Alors oui, il faut suivre. Et chaque vote est important sur 193, nous devons avoir une majorité et nous avons déjà atteint cet objectif.

Pourquoi de nouveau le ministre des affaires étrangères et non pas le ministre de la police

Dans quelle mesure est-ce plus difficile pour vous maintenant d'occuper le fauteuil du ministre des Affaires étrangères par rapport à la période où vous occupiez avant le même poste?

Au fond, c'est le même boulot, sauf que les problèmes sont un peu plus gros parce que l'Ukraine est maintenant un facteur supplémentaire, soit la guerre en Ukraine. Il y aura bientôt une réunion ministérielle de l'OSCE. J'étais le président en 2015 et maintenant c’est la Pologne qui préside. Il y a une réunion à Lodz la semaine prochaine, et ils n'inviteront pas Lavrov maintenant. Vous avez une réunion de 57 pays de l'OSCE à laquelle vous n'inviterez pas l'un ni l'autre... La question se pose alors de savoir si l'existence de cette organisation a un sens. Que faisons-nous ici? Comment pouvons-nous décider, alors que chaque jour il y a des résolutions contre la Russie, la Chine, l'Irak, le Venezuela, ou

l'Éthiopie, le Zimbabwe ou certains autres pays qui sont nos grands amis. Le Zimbabwe est le seul pays à avoir voté contre les frappes aériennes lorsque le Conseil de sécurité l'a décidé en 1999. Et vous devriez maintenant imposer des sanctions au Zimbabwe.

Quelle expérience avez-vous acquise en tant que président de l'Assemblée de Serbie ?

Je n'ai pas acquis d'expérience que je n'avais pas. Je suis député depuis 1992.

C'est un peu différent du côté, cependant.

Oui, mais j'ai été élu dans tous les mandats de 1992 à aujourd'hui. J'ai même reçu un prix du jubilé pour 30 ans de travail. C'est vrai que c'est différent quand on est président et quand on est député. Je n'arrêtais pas de dire ça au président Vučić, et il n'arrêtait pas de dire la différence entre moi et lui. Il y a eu des manifestations à Novi Sad, puis nous n'étions pas au pouvoir en Voïvodine, Pajtić était toujours au pouvoir. J'étais ministre de l'Intérieur à l'époque. Il dit: «Ce rassemblement se passe bien». Je dis: «Tu vois quelle est la différence, je regarde quand ça va se terminer». Quand j'étais ministre de la Police, je ne regardais jamais le résultat du match, mais quand il sera fini et qu'il n'y ait pas d'incidents.

Il en est de même du poste de président de l'Assemblée. Ici, vous regardez que tout se termine paisiblement, et le député a intérêt à discuter davantage, à faire un geste que les citoyens qui le regarderont en direct qualifieront de positif. Il y a donc une différence entre le président du Parlement et le député.

Pourquoi de nouveau le ministre des affaires étrangères et non de l’intérieur?

Il y avait des discussions pour savoir si ce serait l'un ou l'autre. J'ai dit au président Vučić que c'était à lui d'évaluer où je pouvais l'aider le plus et au mieux.

Alors c’est le président qui a décidé.

Il m'a proposé d'être ministre des Affaires étrangères en 2014. C'était son idée. Cela ne m'est même pas venu à l'esprit. Pour être honnête, il ne m'est pas non plus venu à l'idée d'être ministre de l'Intérieur. Je suis un politicien, avant tout, et je pense que le ministère des Affaires étrangères donne plus de place à la politique. Dans les affaires intérieures, vous devez traiter quotidiennement des questions qui n'ont rien à voir avec la politique.

Quelle importance cela aurait-il pour notre pays si les pourparlers de paix entre Zelenski et Poutine avaient vraiment lieu à Belgrade?

Bien sûr, nous ne rejetterions pas qu'une telle chose se produise, mais d'un autre côté, nous ne devons pas devancer les autres dans la résolution de certains problèmes mondiaux lorsque nous avons les nôtres que nous n'avons pas résolus. A cet égard, indépendamment du fait que ces histoires soient apparues, je pense qu'ils ont néanmoins trouvé d'autres destinations. Il est difficile que les négociations s'y déroulent, car chacun détermine un pays qui peut l'être. Au début, la Biélorussie était l'endroit où les Russes et les Ukrainiens se rencontraient, mais maintenant ce n'est plus la Biélorussie, alors maintenant ils se rencontrent davantage en Turquie. La Turquie a en quelque sorte obtenu ce «privilège», et je veux dire aussi les privilèges économiques qu'elle obtient, et d'être un pays de contact pour la Russie. Je ne pense pas que nous devrions nous mêler de sujets et de problèmes mondiaux par la force. Si quelqu'un veut que nous aidions, nous sommes là.

Quel sera votre objectif et votre plus grand défi en tant que ministre des Affaires étrangères?

J'ai dit que je voulais être le meilleur ministre du gouvernement. C'est ce que j'ai dit à mes associés.

Qu'est-ce que cela signifie pour eux?

Qu’ils doivent aussi être les meilleurs.

Faire la course?

Exact. Celui qui veut participer, qu'il participe. S'il ne veut pas, qu'il cède la place à quelqu'un d'autre. Je ne parle pas du tout de qualifications politiques. Le MAE est un peu différent. Je n'y ai jamais amené des gens du parti. Nous n'avons pas d'aspirations politiques, mais il devrait y avoir des gens qui se consacreront à ce travail de la meilleure façon possible, et c'est mon objectif. L'objectif est d'atteindre la meilleure position internationale possible dans la période à venir.

L'année 2023 approche, que souhaiteriez-vous pour la Serbie et pour vous personnellement ?

Vous n’êtes pas sans le savoir que le 1er  janvier est une date particulière pour moi car c'est mon anniversaire. Et puis, je ne peux jamais faire la différence entre tout ça, d'autant plus que j'ai eu beaucoup d'engagements politiques ce premier janvier et au niveau international. Par exemple, l'investiture du président du Brésil, selon la Constitution, a lieu le 1er janvier. Le président m'a envoyé deux fois pour être son émissaire, pour être à cet événement qui est le même jour que mon anniversaire.

Personnellement, j'aimerais que la politique fasse de moins en moins partie de la vie des gens, c'est-à-dire que cette question devienne sans importance et que la question de la

vie quotidienne et d'une vie meilleure des gens devienne importante. Je peux souhaiter, mais cela n'arrivera certainement pas, que tous nos problèmes soient résolus, mais au moins créons de bonnes conditions préalables pour que nos enfants vivent mieux.

Source/Photo: Telegraf.rs